Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     PAIN     
FEW VII panis
PAIN, subst. masc.
[T-L : pain ; GD : pain ; GDC : pain ; DÉCT : pain ; FEW VII, 543b : panis ; TLF XII, 790a : pain]

A. -

Au propre "Pain" : La table alerent aprester, Quar bien estoit temps de disner, Les uns les napes estendirent, Li autre dessur le pain mirent, Li autre du vin aporterent, Et en la coupe le verserent (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 970). Apres la grant refection, Qui par tout est de grant renon, Fist [Jésus] de .II. poissons et .V. pains A .Vm. hommes, dont remains Fu si grant, quant säouz furent Que touz plains en requellurent Ses deciples .XII. cophins A son commandement enclins. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7177). [Réf. au miracle de la multiplication des pains : Jean V, 9-13]

 

-

Pain blanc. "Pain de froment" : Mont de besoignes je ferai Et ja ne vous y apelerai, Et muërai le vin en sanc Et en char vive le pain blanc, Le bis aussi se je vouloie (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 1806).

 

-

[P. oppos. à pain blanc] Pain bis. "Pain courant de qualité inférieure, de couleur gris-brun, à cause du son qu'il contient" : « Saches, dist elle, en verité Quë aussi bien acoustumé Ai gros et bis pain ensachier Comme grans vïandes mengier » (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 10373).

 

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Gros pain. V. gros

 

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P. ext. "Toute espèce de nourriture indispensable à la vie" : Touz furent nés pour labourer Et pour leur pain painne endurer. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 1912). JÉSUS À SATAN. "De pain seulement pas ne vit Homme, si com il est escrit, Mez de toutes les paroles Que Dieu dit en ses escoles..." (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 5087). [Réf. à Deut. VIII, 3, Matth. IV, 4 ; cf. Thesaurus proverbiorum Medii Aevi, t. 2, 1996, 112]

 

Rem. Cf. TL VII, 47-48 pour pain / peine.

B. -

RELIG.

 

1.

"Le pain eucharistique qui contient substantiellement le corps du Christ" : Que viande son cors estoit Et sanc boire, dont falloit User qui garder sa vie Vouloit que ne fust perie. Le pain qui sus la table estoit Dont chascun d'euz mengier devoit Apres unes graces qu'il dist... (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7755). [Réf. à l'institution de l'Eucharistie chrétienne, Luc XXII, 19]

 

-

[En association avec vin] : Ce relief ci qui est donnez, Une heure est char et sanc nommez, Une autrë est dit et pain et vin (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2735).

 

2.

[Désignation que se donne le Christ] Pain de vie. "Pain qui donne la vie éternelle" : Et se cestui pain veus nommer Bien dignement et apeler, Si di que, c'est le pain de vie Dont tout li mondes a sa vie (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 2795). JÉSUS. ...Il est certain, Qui croit en moi, il a vie, Quar je sui le pain de vie. De manne u desert vescurent Vos peres, mez touz moururent ; Mez de ce pain qui mengera, C'est de moi, jamaiz ne mourra. Ce pain pour certain ma char est, Pour la vie du monde prest. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 7223). [Réf. à Jean VI, 48-51]
 

Pèlerinages de Guillaume de Digulleville Béatrice Stumpf


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